Un coeur en Ibère
Il est venu, il a vu et il n’a pas vaincu, ni convaincu. Un de plus ou un de moins(je parle de cadre), en fonction de l’angle selon lequel on regarde la bouteille, l’appréciation peut varier. Le sauveur tant attendu n’aura fait que passer, en laissant dans une situation tout aussi inconfortable qu’à son arrivée, notre chère société.
Le bilan du passage de notre « futur » ancien Directeur général ne laissera aucune trace particulière. Les salariés de Transcom n’ont pas la sensation d’avoir vu quoi que ce soit évoluer dans l’entreprise. En termes d’amélioration de l'organisation du Travail, le bilan frise la transparence. Du point de vue des salariés, aucune amélioration tangible n’est venue redonner un peu d’optimisme sur nos conditions de travail.
Ah oui, Les conditions de travail ! Pour la préservation de l’emploi, pour éviter la mise en œuvre de l’accord de branche, un accord d’annualisation a été signé. Accord qui devait nous permettre de surfer sur le dos de chameau, de nous adapter au marché, de conquérir de nouveaux clients.
Pour ce qui est des nouveaux clients, on repassera, Transcom n’a rien de l’invincible Armada. Pour l’adaptation au marché, le décalage avec la réalité des acteurs principaux de notre secteur d’activité ne se règlera pas par la simple grâce d’un accord d’annualisation qu’il reste à appliquer. Pour ce qui est de surfer sur le dos de chameau, les méandres, arcanes et autres complexités liées à la planification nous donnent plutôt l’impression d’être dans le creux de la vague.
Le retour au royaume ibérique n’est certes pas prévu pour demain, mais pour septembre. Gageons que d’ici là, celui qui « ne considère pas son passage en France comme un échec », aura su, résoudre tous les problématiques que l’on rencontre au quotidien dans les centres.
Espérons qu’il saura renouer le dialogue avec les salariés qui, à Tulle ou à Roanne, refusent de se voir infliger des coupures repas de plus de 30 mn, la préservation des emplois est à ce prix, non ? Souvenons-nous que c’est sur la base de ce principe que Transcom a mis en œuvre une application différenciée de l’accord d’annualisation pour les acceptants et les refusants alors que celui-ci devait « s’appliquer à l’ensemble du personnel ».
On n’ose pas imaginer que c’est pour s’éviter le coût d’un PSE que Transcom a mis en place, en son sein, 2 organisations du temps de travail, avec une contrainte partagée, celle des coupures repas (coupure qui a motivé à elle seule, le refus de nombreux salariés d’accepter l’avenant d’annualisation). Non, on n’ose pas penser que l’entreprise ait compté sur l’usure des gens et sur la « présupposée » mansuétude de l’inspection du travail pour raboter en douce ses effectifs.
La direction ergote : « nous modifions les conditions de travail, pas le contrat de travail ! », elle oublie qu’elle a envoyé un package :
- courrier d’accompagnement, avenant à l’accord cadre de 2001 sur l’organisation du temps de travail, avenant au contrat de travail à l’ensemble des salariés.
N’est-ce pas manquer de loyauté lorsqu’on propose au salarié un avenant portant uniquement sur l’Annualisation et qu’on y associe un avenant à un accord cadre détaillant par le menu, non seulement l’Annualisation, mais également les horaires de travail, le détail des coupures repas, des pauses rémunérées et autres détails opérationnels qui sont notre lot quotidien ?
La confusion entre tous ces thèmes était-elle impossible ou plutôt souhaitée ?
N’y a-t-il pas une sorte de « défaut d’information » lorsqu’on oublie de préciser toutes les conséquences liées au refus d‘un avenant au contrat de travail ?
Le fait par exemple qu’on puisse mettre en place une application différenciée de l’accord pour les uns et pour les autres, le fait qu’en cas de refus, les salariés ne seraient pas licenciés mais se verraient proposer de travailler 35h par semaine avec des pauses pouvant aller de 30mn à 1h30…Pourquoi tout cela n’a-t-il pas été dit ?
Pourquoi, lors de la présentation au CCE, CE et CHSCT, a-t-on informé partiellement les élus en évoquant jamais la modification des conditions de travail, en leur communiquant un document explicite où il n’est question pour l’ensemble du personnel que de modification du contrat de travail, de PSE ou de retrait éventuel pour l’ensemble du projet en cas de refus massif ?
Et puis souvenons-nous de l’impératif économique qui justifia de l’impérieuse nécessité de conclure un accord autour de l’annualisation. Le fait que près de 30% des salariés aient refusé l’annualisation et ne soient donc ni annualisés, ni modulés n’aura-t-il aucune influence sur les perspectives économiques de l’entreprise. Les craintes liées aux risques économiques que coure l’entreprise n’ont-elles plus lieu d’être. Est-ce Austerlitz ou Trafalgar ?
Alors, il s’en retourne, au pays des ibères, notre directeur. Sa mission s'achève, il retourne auprès des siens, mais rien n’est fini, rien n’est fait, alors souhaitons à celle qui va lui succéder plus de succès.
Vos élus CFDT