Tous perdants ?
Ce qui frappe quand on fait le point sur la situation actuelle, c’est la sensation de ras le bol qui règne à Transcom. La CFDT est en colère, elle l’a exprimé avec véhémence le 7 avril.
Les questions tournent sans trouver de véritable réponse, comment se fait-il que la direction ne sache pas analyser, à défaut d’avoir su anticiper, la répartition des + de 30% de salariés ayant accepté ou refusé l’avenant ? Comment se fait-il qu’elle fasse preuve d’un tel mépris à l’égard des 70% de salariés qui ont pris la responsabilité de signer l’avenant ?
La direction acquiesce quand les organisations syndicales font le constat que parmi les salariés qui ont refusé l’avenant, certains l’ont fait parce qu’ils voulaient saisir l’opportunité de quitter l’entreprise, d’autres l’ont fait parce qu’ils souhaitaient rester dans l’entreprise mais refusaient la modification de leur aménagement du temps de travail, d’autres encore ont refusé parce qu’ils leur semblaient évident que l’entreprise serait inapte à gérer la planification et les aléas liés à la production, mais au-delà de ces constats, que propose-t-elle ? Rien.
Rien, si ce n’est l’ouverture d’une discussion sur la modulation, or la CFDT l’a dit par la voix de son DSC, ce que les salariés ont refusé, pour la plupart, c’est la modulation et on voudrait maintenant que nous révisions cette partie de l’accord, on croit rêver !
Si dans notre espace sous contrôle, tout le monde était fliqué de la même façon, peut être les salariés supporteraient-ils mieux la traque dont ils font l’objet tous les jours ? Mais on se rend bien compte que nos cadres dirigeants sont loin d’être soumis aux mêmes obligations que les salariés en termes de performances, de résultats, sinon la rotation à leur niveau serait plus importante qu’elle ne l’est et leurs rémunérations seraient moindre.
La rémunération, un sujet qui illustre bien les difficultés des salariés dans l’entreprise. La direction se flatte d’avoir mis en place un nouveau système de prime pour les personnels dit productifs, mais sur le terrain, tout est mis en œuvre pour que les salariés ne touchent pas leurs primes, les agents par la grâce d’une recherche de qualité aberrante ou d’une DMT illusoire, les TLs par des PDP qui intègrent des données qui relèvent de l’invérifiable. Quand au département formation, il n’est même pas éligible aux primes, n’y a-t-il, encore une fois, aucun lien entre formation et production ?
Pour en revenir au sujet qui nous préoccupe pour le moment, si les cadres dirigeants de Transcom étaient jugés sur leurs résultats et rémunérés en fonction de ces résultats, ils feraient sans doute en sorte d’apporter des solutions plus concrètes aux problèmes de l’entreprise. Au lieu de cela et c’est un lieu commun dans l’industrie des centres d’appels, ils confondent management et harcèlement et préfèrent pousser les salariés à la faute.
Autre illustration de l'autisme de nos responsables opérationnels, les partenaires sociaux ne sont pas respectés en tant que tel, on les considère comme si les remarques dont ils font part, n’étaient inspirées que par la volonté de nuire. Est-ce là ce qu’on appelle un véritable dialogue social ? Non, certainement pas ! La direction ne fait que répondre à ses obligations légales, alors qu’elle aurait intérêt à prendre réellement en considération les remontées du terrain.
Va-t-on devoir mettre en œuvre des moyens ultimes pour que l’entreprise engage enfin les réformes nécessaires, réformes sans lesquels nous courrons à notre perte ?
La CFDT a demandé de véritables garanties à la direction, un plan d’action avec des dates, des objectifs précis, pour sortir Transcom de sa léthargie, de sa lourde apathie. C’est à la structure de l’entreprise qu’il faut s’attaquer, à son squelette, mais dans une « boîte » où la défense des territoires de chacun, des petits privilèges, l’emporte régulièrement sur l’intérêt général, il y a fort à parier que cela se révèle compliqué pour nos petits génies de la restructuration.
Parce qu’il va falloir s’en prendre aux prérogatives des uns, intervenir sur le territoire des autres, favoriser l’implication et l’initiative personnelle au détriment de la simple servilité qui suffisait à alimenter le moteur de Transcom quand il évoluait en vase clos, mais se révèle largement insuffisant depuis qu’il évolue sur le marché sauvage des prestataires.
La difficulté de cette mission ? Il faut de la volonté et une vraie capacité à lutter contre des années d’inertie. Mais remotiver le personnel de l’entreprise est sans doute à ce prix, il nous faut des signes forts et visibles, sans quoi nous saurons trouver les moyens de frapper les imaginations. Ce qui est clair c’est que si rien n’est fait, nous serons tous perdants !